Quand y a-t-il eu pour la première fois des fans de musique?
Le phénomène des fans n’est pas récent et il n’est même pas né dans les années 1960 avec Elvis Presley, mais dans les halls où l’on donnait des concerts de musique classique, au 19e siècle, lorsque le compositeur Franz Liszt, qui venait d’un milieu modeste, devint la 1re “superstar” de musique classique. Et même si le suffixe “-manie” n’avait pas exactement le même sens qu’aujourd’hui, parce qu’il était directement en lien avec le domaine psychologique, il y a eu une “Lisztomania” comme il y a eu, plus tard, une “Beatlemania”: pendant les concerts de Liszt, beaucoup d’auditeurs, surtout des femmes, avaient des réactions hystériques en écoutant sa musique. Liszt jouait un large répertoire, en plus de ses compositions, de Bach à Chopin. De nombreuses femmes avaient son portrait et certaines essayaient d’avoir quelques-uns de ses cheveux. Liszt, au piano, était capable d’hypnotiser une assemblée. Il a, en fait, inventé la profession de pianiste de concert au niveau international, donnant des milliers de concerts en 8 ans, parce qu’il avait une mémoire exceptionnelle.
Aujourd'hui, le fan est créé, dans la mesure où son désir est commercialisé à l'aide des stratégies du marketing. Cette commercialisation des attentes des auditeurs est accusée de déformer la relation entre les auditeurs et leurs propres attentes réelles. Il peut arriver que les fans,rêveurs, négligent leur propre réalité sociale et l’idée de fan est souvent associée à celle d’états extatiques. Cependant, au-delà de l’intérêt pour les artistes, c’est la variété des situations vécues par les fans qui compte: les fans des Beatles étaient surtout des adolescentes qui ne pouvaient pas quitter la maison pour sortir, jugées trop jeunes. Et quand les Beatles, déclarés irrévérencieux par leurs parents, chantaient qu’ils voulaient prendre “leurs mains” (‘I want to hold your hand’), cela leur servait d'échappatoire. Quand elles arrivaient à aller les écouter en concert, plus que de musique, il s’agissait d'un rituel où elles célébraient leur jeunesse et leur vie, en un mot, elles-mêmes.
Les fans et les robots
Dans le cadre de la relation virtuelle qu’un fan peut entretenir avec un artiste et qui est une sorte de monologue, l’aspect sentimental n’est qu’une toute petite part, et ce qui peut être plus important, c’est la vie d’une communauté de fans, l’appartenance à cette communauté pouvant, le temps d’un concert, faire se réduire les différences sociales entre les fans. Avec le développement de l’internet, aussi bien les communautés de fans que les interactions sociales entre les musiciens et leurs fans ont augmenté. Les fans acceptent que l’industrie musicale leur vende en quelque sorte du rêve, c’est aussi simple que cela.
Cependant, les communautés de fans ont de nouveaux moyens: les fans visitent les sites officiels des musiciens, suivent leurs comptes sur les réseaux sociaux et, plus récemment, des “robots conversationnels” sont apparus sur la scène virtuelle: structurés sous forme de services de questions et réponses (‘question-answer’), ces robots extraient des données des interviews donnés par des musiciens, de manière à capturer l’attention des fans à un moment de leur choix. Pour le moment, les résultats sont proposés sous forme de groupes de cartes contenant des questions que le fan peut cliquer: la carte est alors retournée et les réponses apparaissent.